L’origine de la commune :
Hussein-Dey doit son nom au dernier Dey, Chef de la milice turque qui gouvernait la Régence d’Alger, qui après avoir frappé le consul de France Pierre Deval d'un coup de « chasse-mouche » refusa de faire des excuses ce qui déclencha la rupture des relations diplomatiques, le blocus des côtes et la suite...
Le Dey Hussein avait installé une maison de plaisance à proximité des plages dans la banlieue d'Alger. Cette maison de campagne donnera son nom au lieu-dit.
Le 20 mai 1870, un décret impérial de Napoléon III érigeait le centre d’Hussein-Dey en commune libre autonome, séparée définitivement de Kouba. La superficie de la commune est alors de 1390 hectares.
La Municipalité :
L’installation officielle de la première mairie s’effectue le 15 octobre 1870. Le premier Maire est François Trottier. Lui succèdent le Docteur Payn, puis Louis Gonzague Narbonne. Ils sont tous trois nés en France et il faudra attendre 1888 pour avoir, avec Emile Elie Bertrand, le premier Maire natif d’Algérie.
De la fin des années 1800 aux années 1930, Achille Luccioni, un Corse, détiendra le record de longévité municipale. Elu en 1953, Germain Marty sera le dernier Maire désigné démocratiquement mais ne pourra aller au bout de son mandat en raison des évènements de mai 1958. Avec son équipe, il laissera la place à une délégation spéciale, dirigée d’abord par Jean Renault, un industriel, puis par Edouard Steinbrunner, commandant des unités territoriales. Enfin, avec l’intégration d’Hussein-dey comme 9ième arrondissement du Grand Alger, en 1960, c’est un fonctionnaire, Claude Poujade, qui présidera aux destinées de la commune.
L’évolution démographique :
Au premier recensement de 1885, la population s’élève à 3095 habitants. Elle va croître rapidement au point de compter :
- 6298 habitants en 1911,
- 10376 en 1926,
- 20489 en 1936,
- 37189 en 1946,
- 62048 en 1964,
On suppose qu’en 1962, la population locale dépassait les 100000 habitants.
La vie à Hussein-dey :
Au fil des années, la ville se développe autour de deux axes importants de circulation, reliant Alger à Maison Carrée :
- La rue de Constantine, voie rectiligne longue de 4 kilomètres, était l'artère principale d'Hussein-dey et le centre de la vie sociale de la commune. Concentrant l’essentiel des commerces et les principales industries, bordée de nombreux cafés, elle était le lieu de promenade préféré des Hussein-déens les soirs et les week-ends.
- La route moutonnière, sorte de voie rapide longeant la mer, concentrait plutôt des activités industrielles. Elle était séparée du reste de la ville par la voie ferrée.
Pour leurs loisirs, l’été, les Hussein-déens vont à la plage communale, dénommée le « piquet blanc », où s’échouèrent en 1541, les navires de Charles Quint attaquant Alger. Avec la démocratisation de l’automobile, cette plage sera progressivement délaissée au profit de plages plus lointaines, à l’est ou à l’ouest d’Alger. Ils ont aussi l’occasion danser, lors des bals publics, organisés sur la place communale qui dispose d’un kiosque à musique.
A la mauvaise saison, ils vont au stade soutenir l’équipe locale ou encore au cinéma. La ville possède 3 salles : le Royal, le Moderne et l’Etoile.
Hussein-dey, Ville industrielle :
Au début Hussein-Dey est considérée comme une région à vocations maraîchères. On prétend d’ailleurs que ce sont des jardiniers Mahonnais qui sont à l’origine de la création de la ville. Peu à peu, celle-ci va se développer au point d’être considérée comme la banlieue industrielle d’Alger.
- C'est en 1862, que Louis Gonzague Narbonne, alors âgé de 34 ans, se fixe à Hussein-Dey.
Il construit et exploite un grand moulin à vapeur de 8 paires de meules. Cette usine agrandie et transformée en moulin à
cylindres permet la mouture de 350 à 400 quintaux de blé par jour. C'est la première industrie créée à Hussein-Dey.
- Créée en 1889 (13 employés) par Monsieur Auguste Blachère, rue Thiers à Hussein dey, la société Blachère se composait d'un atelier de mécanique et de chaudronnerie initialement spécialisé dans la réparation des machines à vapeur. C'est en 1912 qu'elle se transforme en Société Anonyme par Auguste Blachère et ses fils Charles et Gustave. Une usine est construite à Nouvel-Ambert sur une surface de 22 000 m² de jardins maraîchers, les effectifs étaient de 600 personnes en 1950. Blachère S.A complète sa gamme de matériel de cave qui a fait sa réputation mondiale, ainsi que du matériel d'extraction d'huile d'olive.
- 1913 : Installation d'un atelier Durafour à Hussein-Dey et réalisation des premières constructions importantes à ossature métallique: Hôtel des postes, Préfecture, Galerie de France, Théâtre de l'Alhambra, etc... De 1922 à 1939, création des ateliers de Bône (1924). et réalisation de 160 ossatures d’immeubles, 50 caves coopératives, hangars pour chambres de commerce, gares d’Oran, de Bône et Sétif. En 1960, le complexe Alger/Hussein-dey couvre 22000 m2, dont 1500 couverts, et emploie 800 personnes. Sa production est alors de 1000 T par mois.
Si ces 3 entreprises symbolisent le mieux l’activité industrielle d’Hussein-dey, une cinquantaine d’autres sociétés industrielles et commerciales fourniront du travail à l’ensemble de la population Européenne et Musulmane.
Hussein-Dey, ville sportive :
Hussein-dey était une ville sportive avec, comme porte drapeau le plus célèbre : l’Olympic d’Hussein-dey (l’O.H.D), club omnisports fondé en 1913, et plus connu par son équipe de football, plusieurs fois championne d’Alger, championne d’Algérie 1959 et finaliste de la grande coupe d’A.F.N. en 1947.
Dans les années 30, le stade du club se situait près du cimetière communal. Les installations étaient rudimentaires avec des tribunes en tôle et une foule de resquilleurs. C'était un lieu particulièrement redouté par les équipes visiteuses qu'on essayait de déstabiliser en les menaçant. Le grand Albert Camus, gardien de but au RUA (Racing Universitaire Algérois), dans sa jeunesse, le mentionne sans détours dans ses écrits:
" Le plus dur à jouer est l'Olympic d'Hussein-dey. Le stade est à côté du cimetière. Le passage était direct, on nous le faisait savoir sans charité".
La Société de Gymnastique et de Tir (S.G.T.H.D), fondée en 1892, était la doyenne des clubs locaux. Au cours de sa longue carrière sportive, elle participa de manière fort honorable à différents concours fédéraux de France et d’A.F.N. tant en gymnastique, qu’en athlétisme, tir, natation et même football.
Hussein-dey était aussi bien pourvu en boxeurs professionnels de qualité avec : Henri Mégy - Antoine Cloquel - Maurice Fumo - Germain Pérez "le petit Cerdan" - René Pons et le dernier d'entre-eux : Yves Desmarets. Le club s'appelait BCHD (Boxing Club d'Hussein-Dey) et disposait d'une salle d'entraînement à côté de l'église.
Deux sociétés cyclistes coexistaient aussi dans la ville : l’U.C.H.D et la section cycliste de l’OHD.
Enfin, la ville disposait d’un hippodrome, dans le quartier du Caroubier, où les turfistes pouvaient tous les dimanches s’adonnaient à leur passion favorite.
Hussein-Dey, ville militaire :
Ville militaire, Hussein-dey comptait de nombreuses casernes. Rue de Constantine, on y trouvait, quartier Lafarge, la caserne Helle qui hébergeait un détachement des transmissions et, à l'autre bout de la ville, la caserne Lemercier abritait le 19ième régiment du génie d'Afrique. Nous n'oublierons pas, route moutonnière, le Centre d'Instruction de l'Arme Blindée et de la Cavalerie, la Base Aérienne 148, ainsi que le dépôt d'essence des Armées.
Au début du 20ème siècle, il existait, vraisemblablement sur le futur emplacement de la BA 148, un terrain d'aviation avec hangars et piste d'envol, dans le quartier du Caroubier.
L'histoire de l'aviation en Algérie nous apprend que le site d'Hussein-dey est le théâtre de deux premières :
- Le 22 octobre 1909, René Métrot, né à Blida en 1873, effectue le premier vol motorisé en Afrique en décollant de l'hippodrome du Caroubier avec un biplan Voisin.
- La première victime de l'aviation en Algérie est Edouard Paillole, né à Mascara en 1880, qui se tue le 14 juillet 1911.
Par la suite, l'évolution technique des avions nécessitant des pistes d'envol et d'atterrissage plus longues, conjuguée à l'urbanisation croissante de la banlieue d'Alger rendit la piste inutilisable.
Enfin, installée dans l'ancienne villa du Dey, devenue un temps manufacture de tabac, l'Ecole de Police d'Hussein-dey a formé, entre 1949 et 1962, les policiers gradés et les gardiens de la paix des compagnies urbaines et des C.R.S. d'Algérie.
Personnalités natives d’Hussein-Dey :
- Jean SCOTTO (1913 – 1993) : évêque d’Hippone, un temps pressenti comme candidat au prix Nobel de la Paix.
- Abdelaziz BEN TIFOUR (1927 – 1970) : International de football, il participe avec l’équipe de France à la Coupe du Monde, en Suisse, en 1954.
- Robert FRAUCIEL (1930) : Arbitre international de football. Désigné meilleur arbitre du championnat de France professionnel en 1973.
- Françoise FABIAN (1932) : Actrice.
- Yves DESMARETS (1936) : Champion de France de boxe poids plume de 1963 à 1967.
- Pierre Henri MAGADE (1940) : L’un des protagonistes, en août 1962, de l’attentat du Petit Clamart contre De Gaulle.
- Jean Paul MARI (1950) : Grand reporter International.
- Rabah MADJER (1958) : Joueur de football, vainqueur de la Coupe d’Europe des clubs 1987 avec le FC Porto.
D’autres personnes, non originaires de la ville ont eu un lien avec elle à un moment de leur existence, il s’agit de :
- Abder ISKER : célèbre réalisateur de télévision Française, qui y habita et porta les couleurs de l’OHD.
- Mourad KAOUAH : Député, qui garda les buts de l’OHD.
- Jean GABIN : Qui durant son service militaire dans la Marine, dans les années 20, fut hébergé chez un Ami.
- Henri FRENAY : Créateur de réseau de Résistance « Combat », qui y résida 10 mois entre 1943 et 1944.
- Pierre PUCHEU : Secrétaire d’Etat à l’Intérieur du Gouvernement Laval, qui y fut fusillé en 1944, au polygone de tir, et inhumé au cimetière communal.
- Edmond ANDRA : Industriel, né à Oued el Alleug, arrivé enfant dans la ville, il est le créateur des bennes ANDRA, qui équipent nombre de camions circulant sur les routes de France.
Les Hussein-Déens aujourd’hui :
Aujourd’hui, l’AEHD (Amicale des Enfants d’Hussein-Dey), perpétue à travers son site Internet, sa revue semestrielle et les divers rassemblements qu’elle organise, le souvenir vivace d’Hussein dey. Fondée en 1984, l’Association a compté, aux meilleures heures de son existence, plus de 1200 familles adhérentes. Aujourd’hui, il en reste encore plus de 600 qui, bien qu’inégalement réparties, sont présentes dans les 22 régions Françaises.