EN DISANT
Que le temps passe vite, dix ans plus dix ans et ainsi de suite, J’ai atteint soixante cinq ans.
Quelles sont loins mes jeunes années remplies d’insouciance, de gaité, de naïveté .Inutile de me retourner, je ne peux les rattraper, elles sont enfouies dans ma mémoire. Pourvu qu’elles ne s’effacent jamais.
Du haut de mes soixante cinq printemps, je me dis qu’il est temps de parler honnêtement. Que de beaux souvenirs lorsque j’avais dix ans.
Que d’évènements bons et moins bons n’ai-je vécu à quinze ans.
Moi, l’enfant d’outre mer, même si je suis un peu amère, je garde au fond de moi, le souvenir ineffaçable de toutes ces journées, quand la famille se retrouvait autour d’une belle table ou sur la plage pour pique niquer.
Je les revois encore tous, grand parents, parents, frère, sœur, tantes, oncles, cousins.et cousines.
C’est eux qui sont mes racines….
Dix ans de plus !
Cela fait longtemps que j’ai quitté mon pays natal.
Non sans garder en mémoire, ses parfums, ses couleurs, son ciel bleu et sa mer méditerranée aux reflets argentés.
Il me reste les coutumes de là bas, même si parfois j’en perds, au fil des années.
Et ce petit pincement au cœur qui me donne envie de remonter le temps.
Dans les années bonheurs.
De dix ans en dix ans.
Hélas, c’est la roue de la vie qui tourne parfois trop vite.
J’ai atteint l’âge mure et même si ma vie est une réussite. en tant que femme, épouse, mère et grand-mère, j’ai toujours au fond de moi le regret d’avoir dû quitter mon pays d’outre mer.
Je ne me suis jamais senti chez moi ici, pourtant la France est ma patrie.
Mais c’est une part de moi qui est restée là bas.
Et je sais que je n’y retournerai pas.
Cependant, je reconnais que j’ai eu beaucoup de chance
De n’avoir pas laissé de tombe derrière moi.
Dix ans c’est l’âge de mes petits enfants.
Parfois je leur raconte comment c’était avant, dans ce pays au soleil brulant, lorsque nous allions le lundi de Pâques, « casser la mouna » comme on disait là bas, souvent dans la forêt d’eucalyptus où sur une plage au sable doré.
Et tout émerveillé ils m’écoutent leur conter.mon pays et mes jeunes années.
Qui sait peut être dans dix ans de plus
Pourrais-je ne garder qu’un doux souvenir du temps passé.
Sans plus aucun regret.
Edith DUBOSCQ